J’habite dans le quartier de Cureghem depuis le mois de mai 2011. J’ai quitté mon pays pour protéger ma fille de l’excision. Je suis venue me réfugier en Belgique. Pendant ma procédure d’asile on m’avait envoyée à Namur et après plusieurs mois j’ai obtenu la reconnaissance de réfugiée. J’avais deux mois pour libérer mon logement au centre d’accueil. Et comme je n’ai pas trouvé de logement à Namur, j’ai débarqué à Bruxelles dans un « centre de transit » où je pouvais rester de 20h à 7h du matin avec mes enfants mais en journée j’étais dans la rue, je mangeais à Cosmos (restaurant social) et j’ai obtenu l’aide de l’ULAC (l’Union des locataires d’Anderlecht Curughem) .Entre-temps on m’a trouvé un logement qui était temporaire avec un contrat de 2 mois et demi qui a été renouvelé. A l’époque j’étais au compte de l’AIS Quartiers asbl. Mais il y avait beaucoup de problèmes dans cet appartement. C’était un vieil appartement, où il n’y avait pas de chauffage. Vivant seule avec 3 enfants, en hiver ça n’a pas été évident. Mes enfants étaient tout le temps malades. Finalement je suis allée voir l’ULAC avec les autres locataires pour demander du secours et leur demander de prendre en charge le problème du chauffage.
Je me suis inscrite dans beaucoup d’agences immobilières, dans des maisons sociales, des propriétés communales. J’ai cherché cherché pendant deux ans mais partout où je passe surtout dans les logements privés ils ne m’acceptent pas parce que je suis au CPAS et que je suis une femme seule avec 3 enfants. Donc je vous avoue que cela n’a pas été facile pour moi et pour mes enfants. l’ULAC m’a beaucoup aidée, ils se sont beaucoup impliqués, ils ont même arrangé les escaliers car il n’y avait pas de sécurité et mes enfants tombaient toujours. Les autres locataires ne sont plus là mais moi je ne sais pas où aller avec ma composition de ménage et mes revenus limités. Je ne peux pas avoir un logement 3 chambres et salon ici à Bruxelles.
Par rapport au quartier c’est l’éducation de mes enfants qui m’inquiète un peu. Je vous avoue que ce n’est pas un milieu propice pour mes enfants… Ici le logement n’est pas sécurisé. La porte d’entrée est tout le temps cassée et cela m’inquiète. Sinon, moi personnellement ça va quand je ne suis pas à ma formation, je suis à la maison. L’école des enfants est proche, ils étudient à l’Institut Notre Dame. Les magasins sont proches mais je vais au marché des Abattoirs parce que ça me coûte moins cher. Ça, quand même, c’est un avantage. J’arrive à m’en sortir avec la proximité de ce marché.
Moi franchement j’aimerais que les autorités s’impliquent réellement dans les questions de logements à Bruxelles qui causent énormément de problèmes à nous les pauvres qui sommes dans des situations de précarité. Ça devient très difficile pour nous et j’ai peur que cela ait des répercussions sur nos enfants qui sont l’avenir de ce pays. Ce sont des protections qu’il faut prendre pour éviter des conséquences à long terme. Parce que moi je suis ici « assimilée belge » avec les enfants, ont est censé vivre ici, rester, donc moi j’aimerais que mes enfants aient une bonne éducation, un bon suivi, pour qu’ils servent quelque chose pour ce pays. Il ne faut pas qu’ils deviennent des délinquants. Et pour qu’un enfant ait un bon avenir, je crois qu’il y a des conditions déterminantes qui influencent les comportements. Et le logement est une condition sine qua non. C’est très très important.