Ici, pour les autorités communales, c’est un quartier foutu, ils s’en foutent complètement parce qu’il n y a pas assez d’électeurs pour voter. Où aménagent-ils de belles plaines ? De belles constructions ? Au nouvel Anderlecht, du coté d’Érasme ! Et nous, on est condamné à vivre ici comme des chiens ! Voilà, ça c’est la politique que la commune mène ici.
Ce que j’aime bien aux Goujons, c’est l’entrée, il y a les boîtes aux lettres et puis on tombe sur des peintures dans le hall qui sont assez bluffantes et qui sont quand même belles... Au bout d’un moment, on n’ y fait plus attention, mais quand on rentre pour la première fois, ça frappe à l’œil, il y a des astronautes sur un fond de couleur jaune et rouge, des couleurs assez vives même si avec le temps elles sont devenues un peu moins vives qu’avant. Si on y prête vraiment attention, on y trouve vraiment des belles images.
Avant, la disposition des parkings n’était pas du tout comme ça, ils ont tout réduit. On avait un plus grand carré où on pouvait se poser, et un autre carré de l’autre coté où on savait jouer encore. Dans les ascenseurs il y avait des tapis, des miroirs... Maintenant, il n y a que du métal partout, de la pierre, il n’y a rien, heureusement que les habitants font en sorte que le soleil vit, sinon ce serait gris comme le temps aujourd’hui.
J’avais demandé au foyer un appartement, on était inscrit mais ça durait longtemps (quatre ou cinq ans). Puis on est allé voir le bourgmestre de l’époque qui nous avait marié auparavant, c’était le père Simonet. Au bout d’une quinzaine de jours, on a eu une lettre pour dire qu’on pouvait venir voir un appartement alors qu’on y croyait plus... A cette époque, le Foyer anderlechtois dépendait de la Commune, et on trouvait dans ces logements quasiment que des gens qui travaillaient pour l’Etat comme policiers, agents communaux, facteurs et ainsi de suite. Il fallait une attestation de bonne vie et moeurs pour être accepté. Ici c’était le fleuron du Foyer anderlechtois, après ça a chuté...
Quand je suis arrivé ici à Bruxelles, j’ai lu une annonce dans le Vlan, j’appelle et on me dit que le logement était déjà occupé. Le monsieur au bout du fil a compris que je suis africain. Et comme j’étais à l’époque avec ma marraine qui m’a accueilli quand je suis arrivé en Belgique, elle a pris le numéro et a appelé et à elle avec sa voix d’Européenne on lui demande quand est ce qu’elle peu passer visiter. Elle a discuté longuement et menacé de porter plainte pour racisme avant que le monsieur ne fléchisse et donc j’ai pu habiter dans ce kot… J’ai beaucoup apprécié cette chance d’avoir un logement social. C’est vrai, il y a ici des problèmes, les gens ne communiquent pas entre eux, se méfient les uns des autres...
C’est dur quand on a onze ans d’habiter dans les logements sociaux des Goujons, tout est cassé sale et dangereux, un ascenseur sur trois est en panne, ma maman est épuisée, je ne sais pas jouer dans les couloirs ou dans la cage d’escalier, car c’est très sale et il y a des débris.
Pourquoi les terrasses sont-elles fermées et rien ne se passe ? On ne sait pas quand ils vont réparer. On n’a personne à qui poser la question. Personne ne sait. J’ai peur de vivre ici. J’habite au 17e étage et j’ai peur que le bâtiment ne s’effondre. J’ai peur pour ma vie. Je vais déménager.
Pour nous ce qui est important c’est d’améliorer les conditions sociales, faire en sorte qu’il y ait du travail ici, qu’il y ait des formations, des activités culturelles, qu’il y ait quelque part un avantage à habiter ici et pas simplement des inconvénients. Le logement social ne doit pas devenir un problème supplémentaire, il doit devenir une solution, c’est à dire que notre idéal du logement c’est un logement où les gens ne se sentent pas stigmatisé, dans lequel ils se sentent bien… (Benayad Abderazak, ULAC)
Je suis dans un appartement de deux chambres. Au début, j’ai emménagé avec mon fils qui avait six ans et demi à l’époque et plus tard mon compagnon m’a rejoint. Et lorsque je suis allée pour régulariser la situation. L’accueil qui nous a été réservé m’a glacée, c’était comme si on me prenait en flagrant délit (c’est de la fraude, on peut vous expulser pour ça). J’ai hébergé quelqu’un sans d’abord le déclarer. Puis je suis allée de mon propre gré le déclarer, personne ne m’y a forcée, pour régulariser la situation. Je suis venue avec tous les documents. Mais non, je ne pouvais pas parler, la personne censée accueillir les locataires, elle n’a aucun sens de l’accueil, elle est toujours hargneuse, elle parle au gens comme si elle était dans son palais royal.