« Je trouve que cette façon de concevoir la ville est complètement ringarde, dépassée. C’est la transformation radicale d’un endroit particulièrement tranquille. Une des raisons pour lesquelles j’aime être ici… Il faut revenir plus à cette notion de « village » qui s’agglutine, où chaque quartier à une vraie vie, sa mixité, ses artisans.... Un parking ça vient complètement à l’encontre de ce modèle possible de « vie de village » qui me paraît intéressante parce qu’elle est à hauteur humaine, c’est pour nous, c’est pour les habitants, avoir la boulangère par loin, le boucher… Ce parking vient plus que bousculer des vies, c’est faire fuir, ça vient nous déloger ni plus ni moins. » Marie-Line, la cinquantaine, habitante de la Place Rouppe
« J’habite ici depuis 17 ans, au 6 ème étage, le dernier étage… J’habite au Paradis. Et je suis contente sinon je ne serais pas restée aussi longtemps. Avant j’habitais à Berchem Saint-Agathe en face de l’hôpital français. Je voulais venir en ville parce que c’était plus facile pour moi et j’avais l’occasion d’avoir un appartement ici et j’en ai profité parce que c’est très rare d’avoir un appartement ici, ils sont tellement chers en ville. Ici c’était raisonnable et j’ai toutes les facilités. On a tous les magasins, on a tout autour de soi, si on a besoin d’un médecin ou de n’importe quoi. » Fernande, 96 ans, habitante de la résidence Canler, rue Borgval, face à l’Ancienne Belgique
« J’avais envie de vivre au centre par facilité. Je fais pas mal de kilomètres à pied par jour et vous vous en rendez compte sûrement aussi, du moment qu’il pleut on a les pieds mouillés. Il faut des bottes pour marcher tel est l’état de tous les trottoirs en général. Je ne connais qu’un morceau de trottoir qui est bien ici à Bruxelles, c’est celui en face de l’école, rue Dansaert. Sinon, cherchez ! C’est tout. Il n’ont pas d’argent pour réparer les trottoirs et ils veulent dépenser un budget de gloriole parce que Bruxelles doit devenir une ville prestige. » Emile, 80 ans, habitant de la résidence Canler, rue Borgval, depuis une quinzaine d’années
« Il f adurait faire en sorte que tous les quartiers même si ils ne sont pas proches de Bruxelles-centre, même si ils ne sont pas touchés par le tourisme, il faudrait en prendre soin parce que c’est l’image de Bruxelles en général. Si ils embellissent, ils embellissent la ville et puis qu’au final les petits quartiers aux alentours deviennent limite des bidons-villes, je ne vois pas trop.l’intérêt. Mais la base de diriger un pays c’est pas de ramener des touristes, c’est de contenter les habitants. L’économique qui tourne au niveau du tourisme devrait être un plus, la ville ne devrait pas être dépendante de l’économie du tourisme. » Karim, 17 ans, Abdel, 16 ans, Samy, 17 ans, Isaac 15 ans, habitants du quartier Anneessens
« Pour les gens qui ont le minimum, par exemple pour moi, un quartier chic ça ne m’aide pas. Ca aide les gens qui ont de l’argent. » Une dame, sur le marché de la place Anneessens
« Est-ce que c’est pour les habitants ou est-ce que c’est dans un but commercial ? C’est ça le problème. Les habitants, les vrais habitants, ils ne sont plus là, c’est trop cher pour nous la location à moins que ce soit dans le social. Mais là il y a plus de 10 ans d’attente. Moi je parle pour moi car je suis d’une couche prolétaire, pas riche …Et je trouve que quitter Bruxelles ce n’est pas une solution non plus. Ca crée des cités-dortoirs, les gens sont stressés, fatigués, ils font plus d’une heure pour quitter ou entrer dans Bruxelles. » Une dame, la quarantaine, sur le marché Anneessens, ancienne habitante du quartier qui est partie vivre à regret à Berchem.
« Le problème qui risque de se passer c’est que les loyers vont augmenter. Déjà, au centre-ville avant pour 400€ vous aviez un logement, maintenant en dessous de 1000€ pour avoir un 2 chambres ici, si vous avez pas un logement social vous êtes dans la merde quoi. Faut pas oublier que Rue Antoine Dansaert et tous ces quartiers-là il n’y vait que les immigrés qui habitaient là avant. Il n’y avait pas un Flamand ou un Ucclois qui venai s’aventurer là » Latifa, 48 ans, habitante du boulevard Anspach, quartier Anneessens, depuis 20 ans.
« J’ai l’impression que le quartier va dépérir, peut-être que je me trompe mais le quartier est entre la gare du Midi et la Grand-Place donc c’est un endroit formidable, c’est un lien. Et puis tout à coup l’entrée de la ville du côté Sud ça va être l’avenue de Stalingrad et la sortie Sud va être le boulevard Lemonnier et quid des piétons et quid de la râbla ? Tant qu’on n’a pas fait une étude pour voir les imbrications de tous les projets, la circulation automobile risque d’augmenter et qui dit augmentation de la circulation dit qu’on n’est plus dans l’objectif de la ville ! La voiture risque d’être néfaste pour le quartier surtout que la ville a financé dernièrement un projet de rénovation des façades des commerçants du Palais du Midi qui est une réussite ? Nour Eddine LAYACHI, président de l’association des commerçants Stalingrad-Lemonnier
« Vous devez savoir que le quartier est en train d’évoluer. Le quartier populaire est en train de partir, comme dans toutes les grandes villes. Parce que l’immobilier coûte de plus en plus cher parce qu’il y a une attractivité à pouvoir habiter la ville, à être proche de son lieu de travail, proche des lieux artistiques et touristiques donc ça amène une nouvelle clientèle. Et cette nouvelle clientèle si elle n’adopte pas le quartier, si elle ne l’aime pas, elle va aller ailleurs. Et nous comme commerçants on préfère que cette catégorie puisse utiliser le quartier. » Nour Eddine LAYACHI, président de l’association des commerçants Stalingrad-Lemonnier
« Tous les quartiers ont évolué, ont changé d’esprit. Il s’avère qu’aujourd’hui, notre quartier est considéré comme populaire mais il y a bien longtemps qu’il ne l’est plus. Parce qu’on constate que toutes les habitations se vendent soit à des européens soit à des flamands ou à des wallons qui viennent acheter. Voilà ! Il y a un contrat de quartier qui vient de se terminer qui est Stalingrad-Lemonnier, il y a un nouveau contrat de quartier Jonction. Il faut voir où les moyens ont été dépensé pour pouvoir maintenir le quartier populaire… Il n’y a qu’une édile qui parle encore de « quartiers populaires ». Il suffit d’aller faire un tour Place du jeu de Balle pour se rendre compte que seul le côté droit de la place est encore populaire pas le côté gauche » Nour Eddine LAYACHI, président de l’association des commerçants Stalingrad-Lemonnier
« Un commerçant dans notre quartier de la Place Rouppe doit être inquiet. Inquiet dans le sens où il doit s’intéresser à la chose publique pour faire valoir son droit à la parole… Il y a un projet NEO, et il y a un projet des Docks. Donc, voilà, rien que ces deux projets, dont un est en chantier, vont apporter une diversité de commerces de proximité. Parce qu’un commerçant qui s’installe dans les Docks est à 4 minutes en tram du centre-ville. Un commerçant qui va s’installer à NEO, il a une possibilité que sa clientèle puisse arriver en voiture et stationner à sa guise et peut-être même que le parking sera gratuit. Donc voilà une concurrence dans une même région pour laquelle le commerçant doit s’inquiéter. Le gestionnaire de la ville ou le politique ne réalise pas qu’une rue comme la rue de Stalingard et le boulevard Lemonnier c’est 350 commerces si on rajoute le boulevard Anspach c’est 750 commerces. C’est des patrons, des employés, des femmes et des enfants. Comme vous savez on est dans un quartier immigré, souvent on travaille en famille. Et donc il n’y a pas de statistiques claires concernant la valorisation du nombre de personnes qui y travaillent. Et on est dans l’Horeca et le service et ce sont des travailleurs qui n’ont pas une grande formation et dont Bruxelles a un nombre assez grand. » Nour Eddine LAYACHI, président de l’association des commerçants Stalingrad-Lemonnier
« Si on ne sait pas venir en voiture, il faut venir en transport en commun donc il faut une amélioration du transport en commun surtout du haut de la ville vers le bas de la ville parce que beaucoup de gens sont dans le cas. S’ils prennent leur voiture ils sont dans le bas de la ville en 10 minutes, s’ils viennent en transport en commun ça leur prend 45 minutes. Donc il faut une meilleure communication entre le haut de la ville et le bas de la ville. Et puis il n’y a pas que les gens qui sont mobiles, il y a aussi les gens qui ont une mobilité réduite. On est une herboristerie, donc un magasin du secteur de la santé, on a beaucoup de gens qui sont malades, des personnes âgées, des handicapés. Est-ce que ces gens vont venir jusque chez nous, dans une zone où la voiture ou le taxi ne peut pas les apporter juste à côté du magasin ? » Hugo Desmecht, herboriste qui a deux commerces, place Sainte-Catherine et rue de l’Ecuyer.
« Uu des grands dangers, quand on fait un centre de Bruxelles qui commence à ressembler à Walibi c’est que l’Horeca se développe énormément et le commerce utilitaire disparaît. Parce que le commerce utilitaire a besoin d’une facilité d’accès. On voit cela très bien à Bruges. Si vous avez besoin d’un clou à Bruges, vous devez prendre votre voiture et sortir de Bruges. Et ça au niveau écolo c’est pas génial. Si les habitants de Bruxelles doivent prendre la voiture pour sortir en périphérie pour faire des achats c’est pas un gain ni de mobilité, ni de facilité, ni en pollution. Il faut quand même que tous les vrais commerces, pas l’Horeca, puissent rester au centre de la ville. Et ça c’est quelque chose que la ville doit prendre en compte et qu’elle ne prend pas en compte. Moi je vois que l’Horeca explose et que tous les commerces utilitaires disparaissent. » Hugo Desmecht, herboriste qui a deux commerces, place Sainte-Catherine et rue de l’Ecuyer.
« Il est évident que même pour les échoppiers du Vieux marché il y a un problème de parking et il y a un problème réel dans le Pentagone. Il est évident qu’au niveau de choisir un endroit pour faire un parking, aller annoncer à des gens qui travaillent là tous les jours qu’on va leur faire quelque chose dans 6 mois, pire c’était difficile à faire. C’était l’idéal pour avoir un mouvement de refus. Si on leur avait présenté qu’ils allaient avoir de merveilleux entrepôts juste en dessous de l’endroit où ils travaillent la réaction aurait été tout à fait autre. » Michel Deschuytere, Président de l’Association des commerçants Breughel-Marolles et Président des Amis du Vieux Marché.
« Vous avez toujours maintenant des magasins rue Blaes qui louent à la semaine en cash parce que les gens ne sont pas sûrs de pouvoir payer la 2ème semaine. Donc c’est un rapport aussi à la pauvreté ce type de commerce. Tous les gens qui sont à la brocante ne sont pas pauvres, il y en a qui arrivent à avoir un stand au Sablon et un autre au Marché aux Puces mais il y en a d’autres qui sont justes et qui sont dans cette situation depuis qu’ils travaillent. D’ailleurs, dire qu’il y a une évolution quand on parle de « sablonisation » des Marolles est quasi comique parce qu’au Sablon les loyers augmentent tellement qu’il n’y a plus que les commerçants qui ont besoin de petites surfaces qui peuvent se le permettre, un chocolatier par exemple, mais un antiquaire qui a besoin de 3000 m2 ne sait plus payer si on met son m2 à 50€. » Michel Deschuytere, Président de l’Association des commerçants Breughel-Marolles et Président des Amis du Vieux Marché.
« Le projet est plus étendu qu’au départ, au départ c’était l’axe De Brouckère-Bourse… Maintenant, j’ai entendu dans la presse qu’ils allaient l’étendre au Béguinage et à Saint-Géry. Ca me tracasse un peu pour l’accès de la clientèle qui vient en voiture et les gens qui habitent en dehors de Bruxelles et qui resteront hors de Bruxelles et iront dans des commerces hors de Bruxelles parce que la circulation dans Bruxelles sera devenue impossible. Ils ne vont pas se garer dans des parkings de délestage et prendre le métro ces gens-là, On a déjà fait l’expérience du grand parking Delta pour les gens qui viennent de l’autoroute de Namur. Mais ce parking est toujours vide et personne ou très peu l’emploie. Ce n’est pas parce qu’on pense que c’est une bonne idée que les gens le font ! ». Marc De Barmaker, patron du café-restaurant La Péniche, Marché aux Poissons
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