Aujourd’hui, près d’un tiers de la capacité de production d’électricité est à l’arrêt, suite à la découverte de fissures dans les réacteurs nucléaires de Doel3 et Thiange2, et au supposé sabotage de Doel4. La Belgique se retrouve ainsi privée d’une part importante de sa principale source d’électricité : le nucléaire. Le risque de blackout est agité partout dans les médias, pour nous annoncer alors une solution moins chaotique : suite à cette perte de capacité de production, il sera sans doute indispensable de couper l’approvisionnement en énergie de zones entières du pays, de manière contrôlée.
Alors que la Belgique s’est engagée à sortir du nucléaire, on a du mal à comprendre qu’on puisse en arriver là. En effet, comment comprendre qu’on puisse encore aujourd’hui dépendre autant du seul nucléaire ? La situation actuelle est le résultat d’un mélange peut reluisant : libéralisation du marché de l’électricité, soutien très faible au secteur du renouvelable, pourtant en demande et en plein essor [1] , et une politique énergétique hésitante et en manque de planification.
La Belgique se trouve de fait dans une situation similaire à celle du Japon suite à l’accident de Fukushima : les autorités Japonaises avaient alors fermé la quasi totalité des réacteurs nucléaires de l’archipel, privant celui-ci de près d’un tiers de sa capacité de production électrique. Comment ce pays s’en était-il sorti ? En important massivement des combustibles fossiles et en faisant tourner à plein ses centrales thermiques. Une solution qui n’en est pas une à long terme, puisque ses sources d’énergie émettent des gaz responsables du réchauffement climatique.
Ce qu’on sait moins, c’est que la crise japonaise a donné lieu à une grande mobilisation citoyenne afin que chacun réduise sa consommation électrique. Les affichages lumineux furent mis en berne, et la consommation de chacun est devenu un véritable enjeu. Maitriser la demande en énergie, et non la poser comme une évidence, voilà un autre débat, qui doit aussi être mené aujourd’hui. Il ne s’agit pas de sortir du nucléaire sans poser la question de notre dépendance à l’électricité. Si l’effort concerne les ménages, ceux ci ne sont pas les seuls concernés : il s’agit de repenser la consommation dans sa globalité (entreprises, transports, etc).
Seule une vraie politique ambitieuse de transformation de la production électrique associée à une véritable réflexion collective sur la consommation permettra de nous faire sortir de notre dépendance à l’atome. Dommage que l’on entende si peu ceux qui prônent un autre modèle plutôt que ceux qui préfèrent agiter les spectres du blackout et présente le nucléaire comme la seule solution possible à un problème qui lui est pourtant indissociable.