Les années inexpérimentales
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L’avenir de Biestebroeck ?

vendredi 15 mars 2013, par NicolasPrignot

Cette partie du canal de Bruxelles que l’on nomme le bassin de Biestebroeck, située entre le pont de Cureghem et le pont de la Petite île, est aujourd’hui l’objet de toutes les convoitises et de nombreux enjeux de la politique urbaine bruxelloise s’y enchevêtrent.

Par son emplacement stratégique entre voie d’eau et voie ferrée, la zone a attiré de nombreuses industries usagères de la voie d’eau avec comme atout une localisation du bassin en amont de la ville offrant une eau claire ne charriant pas encore les rejets urbains. Des entreprises de lavage et de traitement de la laine s’y implantèrent à la fin du 19ème siècle. Aujourd’hui encore, la zone affectée à l’industrie présente pour avantage d’être particulièrement bien desservie, grâce aux boulevards Paepsem et Industriel, et à la Digue du Canal. On y trouve notamment du commerce de gros, des industries chimiques, de la construction mécanique ou encore de l’industrie légère. Biestebroeck reste l’un des poumons économiques non tertiaires de Bruxelles.

Mais cette évolution de long fleuve tranquille risque d’être bientôt bouleversée par l’intérêt grandissant de la promotion immobilière pour des terres industrielles susceptibles d’être recylclées en waterfront. En 2010, des projets de développement immobiliers pointent leur nez au bassin de Biestebroeck, à grand renfort d’images tape-à-l’oeil transformant fictivement la zone en port de plaisance, agrémenté d’espaces résidentiels de luxe, le tout sous un soleil se reflétant dans l’eau azurée du canal, les péniches se voyant remplacées par quelques voiliers.

Ce que d’aucuns crurent être un délire d’architecte se mit à prendre forme grâce à la bienveillance des pouvoirs publics pour ces projets spéculatifs. La commune d’Anderlecht avide de troquer son image populaire et industrielle pour un habit plus prestigieux annonça son intention de lancer un PPAS sur une partie du bassin (49 ha) dans l’objectif de "requalifier" la zone. L’effet d’annonce aidant, les acquisitions par la promotion immobilière irent bon train et les prix se mirent à flamber.

Un peu vite sans doute puisque dans le même temps le gouvernement planchait sur son PRAS démographique chargé de décider du changement éventuel d’affectation en zone d’entreprises en milieu urbain (ZEMU), affectation autorisant la réalisation de logements au bord de l’eau et donc potentiellement d’un waterfront. L’approbation du PPAS fut suspendue, en l’attente de la décision et les promoteurs se mirent aux aguets.

IEB s’inquiètera de la tournure des choses et du risque de gaspillage important d’un foncier précieux pour la Région. Peu de terres, en-dehors du Nord de Bruxelles, offrent encore aujourd’hui la possibilité d’assurer une connexion entre le canal et les activités économiques. Sans compter qu’une telle invitation à la promotion immobilière a été lancée sans penser au préalable à un mécanisme permettant de capter les plus-values générées par le changement d’affectation. Et qui allait se soucier au par ailleurs de l’effet tâche d’huile d’une flambée des prix sur les quartiers d’habitation bordant le bassin de Biestebroeck ? Des questions qui méritent réponses et qu’IEB a décidé d’alimenter par ce dossier.

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