Les familles monoparentales habitent plutôt dans les quartiers où le logement est moins cher et là où se trouvent d’importants ensembles de logement social. Ce sont souvent les quartiers où la pénurie de crèches est la plus aiguë. Les ménages monoparentaux n’ont que très peu de marges de manœuvre face à un parc locatif public saturé et à un marché de logements privés difficile d’accès. Dans ce contexte, le logement renforce souvent les conditions de pauvreté.
La conciliation travail-famille reste particulièrement sous tensions par rapport aux situations monoparentales, que ce soit par rapport à la précarité des moyens et le vécu d’un certain abandon, ou à l’inverse à cause de l’épuisement causé par la double journée. Un discours, qui place trop l’accent sur l’égalité des chances ou l’activation en ignorant les charges familiales et domestiques, risque d’enfermer les mères dans leur rôle maternel en empêchant un accès à l’emploi ; pourtant elles veulent être mère ET être femme. Renforcer l’accès à l’emploi devra alors passer obligatoirement par une augmentation des possibilités d’accès aux structures d’accueil de l’enfance. Face aux moyens financiers limités pour proposer aux enfants des hobbies, des lieux tels que clubs de jeunes, maisons de services d’aide sociale, etc. représentent des soutiens essentiels pour le bien-être des parents et pour le développement des enfants. Plus loin, face à la structure du marché de l’emploi bruxellois, il est nécessaire d’améliorer l’accès aux formations qualifiantes qui permettent de retrouver une plus grande stabilité professionnelle.
Difficulté d’accès au logement, conciliation travail-famille sous tensions, manque de structures d’accueil pour enfants : c’est moins du côté de l’individu qu’il faut chercher l’explication des difficultés qu’à travers l’organisation du travail et des supports institutionnels qui ne parvient pas à s’adapter aux transitions que connaissent les trajectoires de monoparentalité. À défaut d’une adaptation des politiques publiques, les inégalités se retournent contre ceux et celles qui ont le moins d’atouts et de ressources pour y faire face.
Martin Wagener