Durant trois années académiques, de 2008 à 2011, l’Unité 21 de l’école d’architecture de La Cambre a lancé ses étudiants dans un travail sur les Abattoirs d’Anderlecht [1]. Ayant appris la volonté de la société Abatan de développer un Master Plan, l’Unité 21 entama d’abord un travail d’urbanisme sur l’entièreté du site. Dès 2009, les étudiants se focalisèrent sur ce qui fait la particularité de cet endroit : la chaîne d’abattage et les grossistes. Ce travail contribua à faire évoluer les idées mais aussi à rendre davantage public un débat quasi inexistant sur les projets en cours sur le site, et ce, malgré sa grande taille et ses fonctions vitales pour Cureghem et pour Bruxelles. Certains groupes d’étudiants adoptèrent une démarche participative et située, comme le collectif 18bis qui s’intéressa plus particulièrement au processus de confection d’une telle planification, ou l’Atelier de découpe qui investit pendant trois mois la chaîne d’abattage avec la volonté de réfléchir et d’élaborer des propositions avec les travailleurs et les grossistes. En juin 2011, une présentation des travaux d’étudiants fut l’occasion d’un atelier impliquant pour la première fois un panel assez large d’acteurs autour du futur des Abattoirs. L’intérêt porté par l’Unité 21 à l’activité d’abattage, au-delà des questions urbanistiques, a suscité l’intérêt de certains administrateurs d’Abatan et a permis d’attirer l’attention de certaines associations sur le devenir du site.
C’est ainsi que le festival PleinOPENair du Cinéma Nova s’installa à proximité des Abattoirs pendant l’été 2011, pour y proposer notamment des projections, une balade et un débat. De la même manière, Inter-Environnement Bruxelles s’intéressa aux enjeux des Abattoirs et organisa en février 2012 aux Caves de Cureghem une projection-débat et une rencontre avec des travailleurs sur l’intérêt d’un abattoir en ville. Le Centre de rénovation urbaine (CRU) et l’Union des locataires d’Anderlecht-Cureghem (ULAC), deux associations actives depuis longtemps dans le quartier, participent également de manière soutenue à faire émerger un débat sur l’avenir du site et de ses activités. Si les Abattoirs d’Anderlecht deviennent une question publique, ce sera notamment grâce aux questions et aux réflexions semées par ces professeurs et étudiants.