VOIX DE BRUXELLES
Paroles brutes
Ces témoignages proviennent d’un recueil de paroles de personnes prostituées... réalisé par l’Espace P (www.espacep.be)
S’il fallait fêter quelque chose dans ce métier, ce serait plutôt la retraite. J’ai 58 ans. Il ne me reste plus que quelques clients que je connais depuis longtemps. Je me demande s’ils se souviennent encore que j’ai été belle ? Fernande
A partir du moment où j’ai commencé à travailler avec ce que le petit bon-dieu m’a donné, je n’ai plus jamais dû demander quoi que ce soit à qui que ce soit. Dans ce sens là, j’ai cessé d’être une pute quand j’ai commencé à travailler comme prostituée. Madame J.
Samedi dernier, j’ai assisté à un spectacle qui m’a profondément choquée. Nous avons été embarquées par la police et ces gens ont traité des filles et travestis bulgares, albanais, équatoriens de façon inhumaine. Les flics utilisent tous les moyens de pression pour profiter eux-mêmes de la chaire fraîche et celles qui refusent sont battues ou expulsées. C’est ignoble. A bas les salauds ! Diana
J’ai toujours été double : la petite à l’orphelinat la semaine ; le week-end, une petite fille comme tout le monde. En dehors de la prostitution, je m’occupe d’ handicapés moteurs et mentaux dans une organisation. Vous savez, le regard que l’on porte sur les handicapés est le même que celui que l’on porte sur les prostituées. Beaucoup de gens sont méchants. C’est aux gens normaux qu’il manque souvent quelque chose : le respect pour les autres. Jeanne
Un vendredi soir, ils ont fait une descente avec l’INASTI. Ils ont pris les papiers de tout le monde et là, les amendes ont commencé à tomber. Les amendes, ce n’était pas le plus gros, mai j’ai reçu une lettre qui disait que je devais payer des cotisations d’indépendante pour les trois ans où j’ai été inscrite sur le registre de ma patronne. Et puis il y a eu les impôts... Le total à payer c’était plus de 50 000 €. Marlène
Nous étions au-delà de l’explication, nous étions attirance. Messager ailé, l’amie en poussière de poudre s’en est allée... Héroïne malgré elle d’un fléau mortel. De boulettes en boulettes, l’illusion d’échapper à une réalité à boulets. Viviane