Sur la composition des ateliers
Les ateliers rassemblent les administrations publiques, les acteurs parapublics, les acteurs académiques, les cabinets et des acteurs de la société civile.
La présence et le rôle des représentants de cabinets est ambigu. Invités à pratiquer l’écoute active, ils outrepassent systématiquement leur rôle, allant même jusqu’à suggérer en plénière certaines orientations qui n’ont pas été discutées, suggestions qui se retrouvent in fine dans les conclusions des ateliers, au titre du dissensus alors qu’elles n’étaient portées par aucun acteur présent.
Selon les organisateurs des ateliers, le choix des acteurs issus de la société civile s’est porté sur des coupoles. Ce choix peut paraître rationnel mais a des effets très différents selon le sujet débattu. Ainsi, l’atelier traitant de la question de la dualisation sociale rassemblait très peu d’acteurs de terrain. Par contre, l’atelier « Asseoir la vocation internationale de Bruxelles » rassemblait en plus de la coupole RAB-BKO (initiales !!! - Thierry) une proportion très importante d’acteurs institutionnels individuels. Ce deux poids deux mesures est regrettable et oriente le contenu des ateliers.
Les participants étaient invités à intervenir en leur nom propre et pas au nom de leur organisation. Les représentants d’IEB ont évidemment parlé au nom d’IEB. Si l’on comprend que cette proposition permette d’éventuellement libérer la parole des représentants des administrations, il est bon de s’interroger sur la légitimité du résultat obtenu. D’autant que in fine, rares sont les représentants d’administrations qui ont réussi à sortir d’un rôle de juge et partie.
La composition des sous-groupes composés tantôt de manière aléatoire, tantôt sur base volontaire jette le flou sur les véritables rapports de force en jeu et empêche les participants d’acter les accords et désaccords.
Comment travailler sans socle commun ?
La composition très hétérogène (en terme de pouvoir, de maîtrise de l’information, ...) des ateliers était un frein à travailler à partir d’un socle commun. Les documents distribués au début du processus et proposant un état des lieux de la situation de la Région Bruxelloise n’ont pas fait l’objet d’un débat ni même d’un début d’appropriation de nombreux participants.
A titre d’exemple, il a fallu attendre 3 ateliers successifs consacrés à l’essor démographique avant que la nature de celui-ci soit définie et partagée par tous ! (ici c’est aussi la manière dont le travail en ateliers est ramené ensuite en plénière qui est responsable ? non ? - Thierry)
Une prospective construite sur des slogans
Peu de déconstruction des slogans et mots clés présentés comme des évidences bénéfiques pour Bruxelles : développement international, mixité sociale, mixité fonctionnelle, cohésion sociale sont autant de concepts qu’il convient de définir puis de mettre en débat avant de les accepter et de les manier dans des débats futurs.
D’autres termes sont également martelés, car producteurs de consensus. Des écoles bilingues, plus de crèches, plus de logements sociaux, sont autant de concepts creux dès lors qu’il ne se relient pas à des actions concrètes génératrices, elles, de conflits. (je ne sais pas si plus de logements sociaux est vraiment un concept creux ? Il y a deux aspects : (i) les acteurs présents ne disposent en aucune manière des outils nécessaires pour évaluer de manière concrète (par exemple financière) les mesures envisagées - (ii) au niveau des concept avancé (écoles bilingues, crèches, une ville des distances courtes,...) c’était un peu fleur bleu et là il faut effectivement dire qu’il s’agissait avant tout d’un catalogue de bonne intention, de la formation d’une image d’épinal, comme si l’on pouvait rêver une ville idéal sans tenir compte de l’existant, des acteurs, des tensions et des intérêts qui la traverse déjà et la traverseront encore. Bref, difficile de s’opposer à ces "bons concepts politiquement très corrects" mais tellement éloignés de la réalité que nous connaissons. - thierry)
Un cadre qui cherche l’adhésion
Le cadre proposé dans les ateliers cherche d’emblée l’adhésion et est difficile à remettre en question. Heureusement, la dynamique de certains ateliers à permis de remettre en question certains axes de réflexion, voire de les abandonner ...temporairement, car certains d’entre eux se sont à nouveau invités, souvent sous l’influence de l’un ou l’autre membre de cabinet.
Des ateliers qui s’influencent les uns les autres
Certaines priorités issues d’autres ateliers se sont imposées dans certains ateliers, comme des faits non négociables. Mais cette influence fut à géométrie variable ; ainsi, l’international s’est invité à l’atelier « dualisation sociale » mais pas le contraire... Ce type d’influence est quasi exclusivement porté par des acteurs présents dans tous les ateliers, c’est-à-dire majoritairement les membres des cabinets et les administrations.
Quel usage sera-t-il fait du travail en ateliers ?
Le gouvernement devra-t-il motiver ses décisions de suivre ou non les recommandations des ateliers ? Ce flou sur la finalité de ces ateliers est l’une des raisons qui ont amené IEB à choisir de ne pas mobiliser les habitants dans le processus. Le fait d’appeler les participants à parler en leur nom propre, ce qu’IEB a refusé de faire, constitue une bonne raison pour le gouvernement de considérer la liste des propositions issues des ateliers comme une simple « shopping list ».
Le PRAS démographique torpille les ateliers du PRDD
On ne le répétera jamais assez, une conséquence importante du PRDD devrait être une révision du PRAS. Le PRAS démographique, élaboré dans le plus grand secret, vide de leur substance les ateliers du PRDD.
Vision vs scénarii tendanciels
Les visions à 2040 générées dans les ateliers sont peu signifiantes. Rares sont les participants qui ont réussi à s’abstraire de ses positions partisanes ancrées dans le très court terme. L’élaboration de scénarii prospectifs tendanciels, évaluant les effets à long terme d’actions radicales et leur comparaison avec le business as usual auraient été plus intéressants.
Participant = pantin
Un véritable processus participatif doit pouvoir donner à ses participants la responsabilité de le contrôler. Les participants ne maîtrisent pas le processus, ils sont des sujets passifs qui ne s’activent que dans un cadre qui leur est imposé par les animateurs. Le consultant aurait dû se borner à la facilitation d’un processus réellement démocratique, nécessairement plus long que le dispositif imaginé.
Une participation qui s’étiole
Plus le processus avance et moins il y a de participants. Cette désaffection le décrédibilise et amène les plus motivés à s’interroger sur l’utilité de l’énergie qu’ils y consacrent.
Panel citoyen
A développer...
NOTE D.R. : Mais cette "participation" permettra au gouvernement de dire que la société civile a été consultée et que le PRDD est le fruit du travail des ateliers ...