La Région de Bruxelles-Capitale a inscrit dans son ordonnance cadre sur la gestion de l’eau que cette dernière est un patrimoine commun de l’humanité. Mais on le voit, des tensions existent et pourraient faire craindre que la tendance mondialisée de la privatisation de l’eau n’affecte demain notre Région et fassent que ce bien ne devienne un jour marchand. Les États généraux de l’eau dès lors se veulent non seulement une réflexion sur cette question, une alerte sans doute, mais surtout un début d’expérimentation sur une gestion en commun de ce bien.
La notion de bien commun ne se décrète pas. Ou plutôt, si elle est décrétée pour un bien particulier, c’est pour affirmer que ce bien en question ne doit pas devenir l’opposé, un bien marchand sur lequel quelques uns peuvent faire des bénéfices sur les besoins et nécessites du plus grand nombre. Si c’est déjà pas mal, ce point de vue idéologique est insuffisant pour garantir qu’un bien soit vraiment commun et ne risque dès lors sa marchandisation. En fait, cette notion de bien commun est purement virtuelle car il n’y a pas de bien commun qui ne soit concrètement, pragmatiquement, méthodologiquement géré ou gouverné en commun.
Approche territoriale et thématique
Des concepts clés seront mis en chantier et commenceront à être expérimentés : les Nouvelles rivières urbaines, par exemple, les quartiers pilotes et les solidarités de bassins versants qui seront autant de manière de rendre l’eau visible et concrète et avec elle une géographie oubliée dans une ville qui a refoulé l’eau mais dont les signes peuvent encore se lire comme un palimpseste. Ainsi, l’on proposera à des personnes de se réunir en multiples groupes de travail, autant qu’il y a de bassins versants. Le Maelbeek d’une certaine manière ouvrira la voie. La zone du canal fera l’objet d’une attention spécifique encore à construire.
A cette approche territorialisée de l’action sera jointe une approche thématique sous forme d’ateliers de réflexion qui traiteront de questions plus spécifiques : les nouveaux emplois liés à l’eau, les éléments chimiques non traités, les solidarités Nord-Sud de l’eau, le rapport art et social, les piscines publiques, les citernes d’eau de pluie,...
Diversité des langages
L’approche culturelle et la diversité de ses langages ne sera pas oubliée. Sur le Front de l’eau, est une programmation variée de films touchant à l’eau qui prendra place au cinéma Nova. Voyages poétiques le long de fleuves, plongées dans l’angoisse d’un thriller aquatique, vues du ciel sur des grands ouvrages techniques, détours par les contrées de l’absurde et retour sur des luttes sociales. Trois dimanches approfondiront les questions avec des moments de rencontres spécifiques sur trois thématiques : les luttes sociales autour de l’eau, la marchandisation de l’eau à Bruxelles et la technologisation de l’eau. Par ailleurs une exposition au Pianofabriek débutera mi-mai et exposera des travaux d’affiches et d’expression émanant de quartiers. Toujours dans le registre des langages sensibles, la Fête de l’eau proposera un parcours musical à la recherche des sources, fontaines et autre traces oubliées.
Ce projet s’étalera sur plusieurs mois, de fin avril à septembre. Les EGEB seront encadrés par deux grands moments de rencontre, des colloques, sortes d’assemblées de débat et de mise en commun. Le premier qui aura lieu les 6 et 7 mai placera des balises pour l’expérimentation en cours et explorera quatre grandes thématiques : l’eau dans la ville, les cycles de la participation, les biens communs dont l’eau, l’économie plurielle de l’eau.
Le second colloque en septembre confrontera le travail produit durant les semaines précédentes aux réalités politiques et économiques de cette ville. Les EGEB contemporains de l’enquête publique sur le Plan de Gestion de l’Eau régional contribueront aux politiques publiques et notamment par l’élaboration de cahiers de contributions qui seront remis fin août lors de la Fête de l’eau.
Plateforme des EGEB