Les années inexpérimentales
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Les voix de Bruxelles : Des habitants jettent des regards sur leur quartier........

lundi 5 décembre 2011, par Almos Mihaly

Un quartier industriel

J’ai assisté à la destruction d’une savonnerie qui datait des 16e et 17e siècle, rue d’Anderlecht. Ils faisaient du savon noir qui s’exportait partout. Ça fait 5-6 ans que c’est fermé. Les gens du quartier travaillent ici.

De ma fenêtre, je vois encore les deux cheminées. Une grande et une petite : elles sont classées, on ne peut pas les détruire.

Il y a eu beaucoup de changements dans le quartier. Avant, il n’y avait pas autant d’associations, ça fait partie du changement . Avant il y avait des restaurants, des cafés. Ça vivait. C’était un quartier animé, maintenant... ça fait beaucoup de changements.

Je trouve qu’il y a beaucoup de changements,

Toutes ces petites choses

Le folklore est parti et toutes les petites choses, le côté humain part.

Ça m’inquiète un peu, ça me fait un peu peur. Ce ne sont que des petites choses mais c’est ce qui est important : la communication entre les gens, toutes les cultures qui se mettent ensemble.

Pourtant, c’est ce que je voudrais. Au quotidien je ne vois pas ça, je passe tous les jours ici, matin et soir et ce n’est plus comme avant.

Mais j’aime beaucoup ce quartier malgré ces petites choses qui s’en vont. J’aime toujours être ici et ça restera toujours mon quartier.

Points de vue positif et négatif

Tous mes souvenirs d’enfance restent ici. Je me souviens des parcs, ils n’étaient pas encore tout grillagés, on courait autour de la statue François Anneessens. Avant, tout le monde se disait bonjour, tout le monde discutait facilement. Maintenant non, tout le monde a peur. Tout le monde ferme sa porte. Avant, on pouvait laisser le pain et le lait dehors...

Les gens ont peur, ils se referment. Dans le temps, ce n’était pas comme ça, on avait le contact facile, maintenant non.

Le quartier a beaucoup évolué ces dernières années. Il y a, comme partout, de bonnes choses et de moins bonnes.

Je crois qu’avec un minimum d’effort on peut faire des choses intéressantes à partir du moment où tout le monde y met un peu de bonne volonté et essaye de voir les choses d’un point de vue positif et pas que négatif.

Ici, j’ai vu un changement au fur et à mesure parce qu’il y eu la présence de certaines asbl et organismes qui ont donné un peu de vitalité, plus d’activités, plus d’accueil. Donc il y a eu un déclic qui, avec d’autres éléments, fait qu’on peut dire, oui, il y a quand même un grand changement.

C’est très positif parce que c’était un quartier abandonné. Non à cause des habitants qui le négligeaient mais des pouvoirs publics qui n’avaient pas beaucoup d’intérêt...

Une nouvelle présence

Moi, je ne crois pas que le quartier se dégrade. Il y a eu une nouvelle présence, il y a eu une immigration qui s’est établie. Il y a des personnes qui habitent, il y a des voisins qui s’entendent, comme partout ailleurs.

Ça n’a rien à voir d’où ils viennent.

Dans les années 80, il y avait plus de multiculturel. Beaucoup plus d’Italiens et d’Espagnols, par exemple. Aujourd’hui, ce sont des familles entières qui habitent les mêmes rues.

Alors il y a un énorme contrôle communautaire, tu dois te plier aux normes du quartier, même si tu veux évoluer tu n’as pas le choix. Si tu ne te plies pas à ces normes, tu es mal vu. Il y a beaucoup de « cancans ».

Mais c’est vrai qu’à coté de ça, il y a aussi beaucoup de solidarité. S’il y en a un qu’on ne voit plus, tout de suite on s’inquiète, on va voir s’il n’est pas malade...

Mais ça, ce n’est qu’entre les gens qui se connaissent déjà.

Si on prend les bâtiments, par rapport à il y a une dizaine d’années, beaucoup de maisons ont été sauvées. Avant, des rues entières étaient vides d’habitants. Maintenant, des gens ont racheté des maisons et s’y ont installés alors que les propriétaires précédents les laissaient à l’abandon. Et ce sont en grande partie ces gens-là, en général des étrangers, qui ont sauvé le quartier. Sans ça, tout aurait été un trou à rats colossal.

Ces témoignages proviennent d’un recueil de paroles d’habitants du quartier Senne, situé le long du boulevard du Midi, réalisé en 2007 par l’ASBL bruxelloise Cultures et Santé .  www.cultures-promosante.be 

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